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Bienvenue sur le blog de l'Association des Amis de la Chapelle Saint-Gonery à Plougrescant, village de bord de mer dans les Côtes d'Armor.

Au centre du bourg de Plougrescant, cette chapelle classée des XII et XVe siècles attire le regard par sa flèche penchée, son vaste enclos paroissial, sa chaire à prêcher et son if multicentenaire.

A l'intérieur, elle révèle ses richesses, entre autres, une Vierge à l'Enfant en albâtre et une crédence remarquablement sculptée, toutes deux du XVIe siècle, mais surtout des peintures naïves, fin du XVe siècle, représentant des scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament, réalisées sur la voûte de la nef.

Vous pourrez déjà avoir une idée de ces richesses en allant dans la rubrique "Visite guidée de la chapelle" ci-dessous à droite.

Pour les horaires de visite, consultez la rubrique "Visite de la chapelle : renseignements, horaires", également ci-dessous à droite.

Pour sauvegarder et valoriser ce patrimoine unique, notre association, en plein accord avec la commune de Plougrescant, propriétaire de la chapelle, s'est fixé pour tâches d'aider à trouver les fonds pour les travaux nécessaires à sa restauration ou à sa conservation en l'état et de faire partager au plus grand nombre ce joyau de notre patrimoine par des visites guidées, des brochures (consultez la rubrique "Brochure explicative illustrée", ci-dessous à droite) , des cartes postales ou des manifestations culturelles.

Notre association propose en effet également des concerts dans la chapelle car son cadre magnifique et son excellente acoustique sont en effet tout à fait propices à ces manifestations.

Ce blog est donc le support et le prolongement de ces actions tout en permettant un suivi de l'actualité entourant cette chapelle et les activités de notre Association.

Si vous souhaitez soutenir notre action en faveur de la chapelle vous pouvez adhérer à notre association comme indiqué à la rubrique "Adhérer à l'Association des Amis de la Chapelle Saint-Gonéry" ci-dessous à droite.

Pour nous contacter écrivez-nous à l'adresse mail : lesamisdesaintgonery@gmail.com

lundi 6 janvier 2014

Avancement des travaux fin 2013, perspectives et vœux 2014.



Travaux en cours : vue des peintures restaurées 

Nous y arrivons, à ce but tant souhaité : dans quelques semaines, un gros mois, les travaux de la nef (partie centrale) de notre belle chapelle, seront achevés ! C'était la partie le plus vulnérable, la plus longue, la plus urgente et la plus délicate à restaurer, car elle comporte une double poutraison : l'une pour la couverture, l'autre pour supporter la voûte et enfin la voûte elle-même avec ses peintures d'une rare qualité.
Nous ne répéterons jamais assez le bien fondé de cette opération : il y a un peu plus d'un an, deux travées (dont l'une était étayée) de cette voûte peinte étaient prêtes à s'effondrer.
Différents articles à publier sur notre blog montreront les travaux réalisés avec les photos des peintures aux différents stades de leur restauration et comment la consultation des archives des précédentes restaurations, nous a fourni des renseignements précieux concernant la datation des repeints et la nature des supports, pigments ou liants utilisés.
A ce jour et pour cette tranche, il reste à terminer : le jointoiement des pierres à l'intérieur, avec un léger enduit et un badigeon blanc cassé, la pose de l'appareillage électrique d'éclairage et de prévention des vols, l'aménagement du sol extérieur afin d'éviter la stagnation de l'eau au pieds des murs.
Nous pensons donc pouvoir ouvrir la chapelle aux visites dès le mois de Février. En relation avec la Mairie nous organiserons une journée «porte-ouverte» suivant des modalités qui seront données dans la presse.
Pour la présente tranche, nous avons décidé de reverser 15 000 € à la Fondation du Patrimoine, qui a en déjà recueilli 21 000. Le tout (36 000 €), devrait être abondé de 40%, portant à 56 400 €, la somme qui sera remise à la Mairie. Ainsi la contribution de cette dernière (145 000 €) sera couverte pour cette première tranche de travaux, compte tenu des aides obtenues par ailleurs (Fondation P. Delestre (60 000 €), réserve parlementaire...)
Par la suite deux autres tranches de travaux de moindre importance seront réalisées. Elles porteront en particulier, sur la tour Ouest d'une part et sur l'autel (plancher), les transepts et la sacristie, d'autre part.
C'est à cette occasion seulement que sera repris le dallage que nous aurions souhaité aplani et rejointoyé beaucoup plus rapidement, afin de faciliter les visites ainsi que la tenue de manifestations.
Cependant ce sont les Monuments de France qui décident du déroulement des travaux et d'après la Municipalité actuelle, la deuxième tranche pourrait se dérouler en 2015, après demande de la Mairie et accord des financeurs principaux (Monuments de France (50%) et Région (25%).
Même si nous pouvons véritablement nous réjouir du travail réalisé depuis trois ans, nous devons maintenir nos efforts pour permettre aux travaux d'aller à leur terme.
Nous avons entrepris la procédure pour que vos dons à l'association soient défiscalisés car aujourd'hui seuls les dons à la Fondation du Patrimoine le sont (66% récupérés sur l'IRPP).
Il n'y a pas de doute, cette cause est bonne pour notre région : la chapelle attire beaucoup de monde et en attirera encore plus après les travaux!
La Président de l'association, le Bureau et le Conseil d'Administration, unis et de tout leur cœur, vous présentent leur vœux les plus chaleureux, de santé et de bonheur pour 2014, tant pour vous que pour votre famille. Ils remercient chacun pour son soutien passé et à venir.

Vue sur une travée restaurée





Restaurations des peintures de la voûte ou 400 ans d'une histoire mouvementée.

A travers l'analyse d'une savante étude effectuée en 2008, qu'il décrypte, Marc Ponsonnet nous livre un petit historique très instructif sur les avatars peu connus de la célèbre voûte peinte de notre chapelle ( pour agrandir les photos cliquer dessus) :

Rapport de l’étude de mai 2008


Introduction

À la demande des Monuments Historiques, l’Atelier Régional de Restauration a effectué une étude de la voûte lambrissée en mai 2008, elle a été complétée d’une analyse faite par le laboratoire CIRAM. L’examen visuel des peintures s’est parfois aidé de loupes mais aussi d’éclairage ultraviolet très efficace pour détecter les retouches effectuées lors de restaurations antérieures.
Le laboratoire a examiné des prélèvements avec des moyens sophistiqués : microscope électronique, microanalyse en dispersion d’énergie de rayons X, spectrométrie infrarouge… et en a décrit la nature des pigments, liants et charges utilisés avec un luxe de précisions techniques hors de portée du profane…
Au niveau du bois lui-même la présence d’une activité importante et très disséminée d’insectes xylophages a été observée, ainsi que des cassures (sur lambris et sur pannes), des fentes, des griffures, et de l’oxydation au niveau des clous (il y en a environ 5000 !) de fixation des lambris en châtaignier sur les poutres courbes.

La couche picturale originale

Le rapport de 80 pages date clairement de la fin du Moyen Âge la couche picturale originale, le bon repérage des retouches a permis de situer nettement les parties n’en ayant pas subi. Sur les parties retouchées, une étude stratigraphique de prélèvement effectué décrit les couches successives appliquées. Le rapport souligne la présence de nombreux soulèvements de la couche picturale, des altérations dues à l’humidité favorisant le développement fongique (champignons microscopiques).
La couche picturale originale est posée sur une préparation blanche à base de colle animale et carbonate de calcium (calcaire, craie, coquilles d’huitres). Les pigments (peu coûteux) sont principalement des oxydes de fer  sous forme d’argile ferrugineuse pour le rouge et le jaune. Le bleu est absent, les cieux étant gratifiés de gris. Le vert est un pigment de vert-de-gris, mélange utilisé à partir du XIIIe siècle et composé de minéraux à base de cuivre (brochantite et atacamite).
Une charge de gypse (poudre de plâtre) est adjointe à ce vert-de- gris et à du blanc de plomb (céruse) et le mélange est lié avec de l’huile. La photo 1 résume le résultat d’analyse au laboratoire des 4 prélèvements effectués.

Photo 1


La restauration de 1764


Photo 2

Sa datation est inscrite en évidence sur une des scènes, cette restauration se manifeste le plus visiblement au niveau des «repeints de pudeur » : les vêtements rajoutés sur les corps nus d’Adam et Ève. Un éclairage en surbrillance et lumière rasante permet de bien voir cette nudité sous les habits pour lesquels on a utilisé un pigment brun-noir détaillé sur la page 8 du rapport du CIRAM ; on a avec cette page (photo 2) un aperçu de la densité des données recueillies, en particulier en stratigraphie. On remarque la forte présence d’alun dans ce pigment « laqué » : elle explique l’effet de transparence très visible même sans éclairage spécial. On note aussi que la poitrine d’Ève allaitant Abel a fait également l’objet d’un repeint aux couleurs de son vêtement (photo 3)


Photo 3

La restauration de 1914

Les archives la mentionnent comme « badigeon intérieur enlevé (sur les murs de la chapelle), murs entièrement rejointoyés, peintures de la voûte rehaussées ». On distingue en effet, surtout sur les scènes du Nouveau Testament, la retouche des colorations de chair, une accentuation du tracé noir des contours et aussi la retouche du blanc des yeux. La datation en 1914 de ces retouches est confirmée par deux éléments : 1/ les pigments utilisés sont du blanc de plomb et surtout du sulfure de mercure, vermillon fin et homogène postérieur au XVIIIe siècle mais sa technique de fabrication le situe surtout au XXe siècle.
2/ Le liant est un polyacétate de vinyle d’utilisation postérieure au XIXe siècle.
D’autre part, tout le lambris de la 5ème travée Sud étant antérieurement tombé ou bien près de chuter, a été remplacé par un nouveau en résineux. Le rapport lui attribue un aspect crayonné, un rendu mat de couleurs délavées. Les scènes ne sont pas identifiables mais, pour une raison de chronologie des scènes au moins l’une de l’ancien lambris était assurément celle du péché originel. Ceci est corroboré par une planche récupérée de l’ancien lambris de 1914 et décorée de l’image du serpent tentateur (photo 4).

Photo 4


La restauration de 1977

Elle a consisté d’abord en un masticage des joints entre les lames de lambris et de tous les clous.

Une série de photos prises en 1949 fournit de précieuses informations faisant le lien entre la précédente restauration de 1914 et la suivante de 1977. Par rapport à ces photos de 1949, il a été fait en 1977 :
1/ remplacement de lames de lambris manquantes et reconstitution des décors correspondants.
2/ masticages de fentes
3/ retouches diverses
4/ les tirants métalliques, visibles semble t-il sur une photo de 1949, sont maintenus en place en renfort de panne sur la 4ème travée Sud.
On voit aussi ces tirants sur 2 cartes postales anciennes (photos 5 et 6), la seconde éditée sans doute au moment de cette restauration de 1977. La restauration actuelle les a supprimés du fait de la mise en place d’une panne neuve.
Photo 5

Photo 6

Sur 2 des photos de 1949, il apparaît des planches décorées clouées (en 1914 ?) sur le décor original et masquant ce dernier. La restauration de 1977 les a supprimées d’où restitution du décor d’origine suivie bien sûr de retouches :



















Le serpent
Comme le montre une photo de la 5ème travée Nord prise en 1949, on a voulu réutiliser la planche du serpent récupérée en 1914 et elle apparait clouée aux pieds d’Ève. La restauration de 1977 a décloué cette planche et le décor d’origine est donc réapparu après une présence donc certaine du serpent entre 1949 et 1977. Bien que la photo de 1949 soit bien trouble, on y voit bien la planche clouée juste au dessus de la frise. Sur cette planche le serpent apparait au sol, le corps enroulé autour de ce qui devait être le pied de l’Arbre de la Connaissance. Un montage photo (photo 7 à droite), reconstituant l’état de 1949, montre que la planche clouée donnait l’illusion que le corps du serpent s’enroulait autour des chevilles d’Ève.

Photo 7



La tête d’Hérode


Photo 8


En 1949, une photo de la scène de l’arrivée des rois mages chez Hérode montre l’existence d’une plaque de bois décorée, de forme carrée et clouée en surépaisseur sur le lambris, elle recouvre le buste du personnage jusqu’à la moitié de la frise. Cette opération daterait de la restauration de 1914, sans doute pour masquer une grave détérioration. La présence de la couronne indique que l’on a voulu donner à ce personnage, peint de face, l’identité du roi Hérode. Or, à la restauration de 1977, cette plaque a été déclouée et le personnage original retrouvé : visible cette fois de profil et sans couronne (photo 8). Ceci nous conforte dans notre hypothèse de l’accueil des mages par un serviteur, et non par Hérode lui-même que les artistes d’origine ont bien représenté couronné dans la scène suivante. Le décor retrouvé a bien sûr subi des retouches. La photo 9 prise en 2008 de la tête du serviteur fournit un exemple de l’utilisation de l’éclairage ultraviolet pour les repérer : seuls l’œil et une partie de la bouche, apparaissant en blanc, n’ont pas été repeints en 1977.

Photo 9


Préconisations de l’étude en vue d'une prochaine restauration

Les principaux points conseillés en conclusion de cette étude sont en réalité la liste des différentes tâches qu'ont menées à bien en 2013 les restaurateurs des peintures de la voûte et  nous vous les présentons dans l'article qui suit : Point d'orgue de la première tranche de travaux, la restauration 2013 des peintures de la voûte.





Point d'orgue de la première tranche des travaux : la restauration 2013 des peintures de la voûte



Photo 1



La restauration des peintures a été l'oeuvre de l’entreprise ARTHEMA située à ABBARETZ (44) près de Chateaubriand, elle est homologuée EPV : Entreprise du Patrimoine Vivant et ses compétences s’étendent à la restauration de tous les décors polychromes et dorés : le mobilier, la statuaire, les sablières, les lambris peints, autels et triptyques, les fresques.
Trois restaurateurs (photos 1, 2 et 3) ont travaillé sur les lambris peints dans notre chapelle :
Martina qui, depuis 3 ans, est diplômée d’un master de restauration obtenu à Sofia en Bulgarie
Anthony et Cyrille qui ont étudié aux Beaux Arts de La Roche sur Yon.

Photo 2

Photo 3


L'étude préalable aux travaux faite en mai 2008, qui nous a permis de connaître et de vous présenter la nature des précédentes restaurations, formule en conclusion la liste de ce qu'ont été les diverses actions de nos trois restaurateurs :
  • Consolidation par imprégnation ou injection de résine
  • Traitement insecticide  et antifongique
  • Dépoussiérage et nettoyage léger de la couche picturale
  • Suppression de certains mastics anciens et remasticage éventuel
  • Nettoyage, passivation et protection des têtes de clous rouillées
  • Refixage de soulèvements de la couche picturale par collage
  • Conservation des repeints et aussi des retouches anciennes si elles ne sont pas inesthétiques
  • Retouches lorsque ça s’avère nécessaire
  • Application d’un vernis protecteur
Toutes les tâches concernant la couche picturale sont effectuées avec un impératif : ne pas dénaturer l’authenticité du décor originel et conserver les repeints car leur intérêt historique est indéniable.

En fait, ils ont commencé leur intervention dès la fin 2012 puis au printemps 2013 avant la fin du travail des charpentiers et la remise en place des voliges et des ardoises : ils ont enlevé gravats et poussières accumulés sur le dessus de la voûte lambrissée. Ensuite, sur le dessus de la voûte et sur les poutres, ils ont effectué un traitement anti-xylophage et fongicide et appliqué ensuite au pinceau une résine durcissante pour consolider les bois.
Ils ont ensuite procédé au dépoussiérage et nettoyage des peintures, opération qu’ils nous ont présentée comme prenant une place tout à fait essentielle dans la vivacité retrouvée du décor.
Puis mi-septembre, après la remise en place des 12 m2 de lambris peints qui avaient dû être enlevés pour restaurer la structure porteuse, ils sont intervenus en continuité sur l’intérieur de la voûte jusqu’à fin octobre. La surface déposée a été remplacée par des lames neuves, seule une partie des décors de cette surface a pu être récupérée et recollée sur le bois neuf (voir article du 15 octobre 2013). Il s’agissait donc d’une part de faire les éventuelles retouches picturales sur les décors recollés et, d’autre part, de reconstituer sur les parties vierges du bois neuf, en harmonie avec le décor adjacent, l’intégralité du décor manquant. L’application d’un fond de couleur lissant sur les parties vierges du bois neuf a précédé cette reconstitution. La peinture qu’ils utilisent est un mélange d’acrylique et de pigments naturels, elle a aussi été employée pour repeindre les poutres d’entrait.
Pour une meilleure compréhension de ces opérations nous vous présentons dans un premier temps la scène de la Création dont la moitié de la surface a dû être démontée puisqu’il fallait remplacer certaines poutres courbes de fixation du lambris.
Nous vous présenterons la restauration des autres scènes prochainement dans d'autres articles.

Scène de la Création ( pour agrandir les photos cliquer dessus)

Photo 4

Le photomontage (4) est un rappel de l’article paru le 20 août 2013, il présente le gros travail de dépose et remise en place fait par l’entreprise Le BER. Le montage (5) montre que beaucoup d’éléments de décor ont pu être récupérés, on peut apprécier l’excellence du travail de restauration aussi bien au niveau des nombreuses retouches sur les décors récupérés que pour la reconstitution des manquants. Puis le photomontage (6) avant et après travaux montre, qu’après le péril du démontage, la restauration a parfaitement retrouvé l’authenticité du décor originel de cette scène particulièrement chargée de détails picturaux.

Photo 5

Photo 6